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Fun fact littéraire : Émile Zola refusé 25 fois à l’Académie française !

Non pas une, non pas deux, non pas trois… mais bien vingt-cinq ! Émile Zola, aujourd’hui l’un des romanciers français les plus populaires, publiés et traduits, a essuyé vingt-cinq échecs en voulant intégrer l’Académie française. Kube revient sur cette anecdote, et vous en dit un peu plus sur cette institution.


Vingt-cinq candidatures, vingt-cinq refus

Portait de Zola

Zola commence sa carrière d’écrivain et de journaliste dans les années 1860, et continue son activité jusqu’à sa mort en 1902. L’auteur de la série de vingt volumes des Rougon-Macquart rencontre le succès surtout à partir de la publication de L’Assommoir en 1877. Cet ouvrage, consacré au monde ouvrier, y restitue avec fidélité leur langage, leurs mœurs, leurs difficultés. Il capture bien ce qui fait l’essence de l’écriture naturaliste de Zola : celui-ci s’attache à décrire la réalité grâce à un titanesque travail d’observation et de documentation.


Ainsi, Zola a rencontré le succès de son vivant, et était proche de nombreux auteurs également admirés de leur temps, comme Flaubert ou les frères Goncourt. Pourtant, cela n’a pas convaincu l’Académie française, qui ne l’a pas laissé intégrer ses rangs.


Dessin de Charles Gilbert-Martin, Gil Blas, 15 juillet 1890
Dessin de Charles Gilbert-Martin, Gil Blas, 15 juillet 1890

On recense vingt-cinq tentatives de la part de Zola pour rejoindre l’Académie. Alors qu’il a surtout consacré sa vie à la création littéraire et à l’engagement dans des causes sociales, il a en effet longtemps cherché les honneurs par la reconnaissance de cette institution. Toutefois, il est difficile de comprendre si ses candidatures étaient complètement sincères ou non. Plus jeune, il avait parlé de l’Académie en ces termes : “serre d’hivernage pour les médiocrités qui craignent la gelée”. De plus, ses lettres de candidature étaient toujours assez pudiques et concises. Aussi, lors de sa première candidature le 1er mai 1890, il écrit dans sa lettre : “J’ai l’honneur de vous prévenir et je vous prie de faire savoir à l’Académie française que je pose ma candidature au fauteuil devenu vacant par la mort d’Émile Augier”. On peut y reconnaître un certain manque de considération (l’usage serait plutôt d’avoir l’humilité de déposer sa candidature, que de prévenir), doublé d’un manque d’empathie quant à la disparition récente d’Augier. C’est ce qui n’a pas plu à l’Académie française, qui choisit un autre prétendant au siège. C’est le début d’une grande campagne de candidatures posées sans relâche, parfois à plusieurs sièges en même temps, pour Zola qui affirme “qu’il reste candidat et sera candidat toujours”.


D’ici 1889, vingt-cinq candidatures sont déposées, un record inégalé. Zola renonce par la suite à se présenter, comprenant que son engagement dans l’affaire Dreyfus constitue un obstacle infranchissable pour l’Académie.


Loin d’être un cas isolé !


Curieusement, Zola n’est pas le seul grand écrivain encore lu aujourd’hui qui a été refusé à l’Académie française. Baudelaire, Stendhal, Maupassant, Diderot, Dumas père, Verlaine, Proust et même Balzac, à deux reprises, viennent allonger cette liste. D’ailleurs, Balzac a aussi fait preuve d’une certaine impertinence envers l’Académie. Il a en effet écrit dans sa lettre de candidature : “Les titres que je me crois à briguer les suffrages de l'Académie sont : Le Médecin de campagne, Le Lys dans la vallée, Eugénie Grandet, La Recherche de l'absolu, Le Livre mystique et La Peau de Chagrin.”. Il fait ici un jeu de mot entre titres de noblesse et titres d’ouvrage, et se moque de l’Académie élitiste.


Comment fonctionne l’Académie française ?

Créée en 1634 et officialisée en 1635 par le Cardinal Richelieu qui s’en fera le protecteur. Sa mission est de “contribuer à titre non lucratif au perfectionnement et au rayonnement des lettres”. Elle fait aujourd’hui partie des cinq Académies de l’Institut de France, aux côtés de l’Académie des sciences ; des inscriptions et belles-lettres ; des beaux-arts ; des sciences morales et politiques. L’Académie publie son Dictionnaire, et attribue des prix littéraires.


L’institution est composée de 40 membres, 40 académiciens et académiciennes élus par leurs pairs lorsque l’un des membres s’éteint. Il ne s’agit pas que d’écrivains, bien que des poètes, des romanciers et des dramaturges y siègent. On compte aussi à l’Académie française des philosophes, des critiques littéraires, des historiens, des scientifiques, et, par tradition, des militaires de haut rang, des hommes d’État et des dignitaires religieux.


Lorsqu’une place se libère, les candidats écrivent au Secrétaire perpétuel, pour faire état de leur candidature à la nomination à venir. La forme était libre, et certains en profitaient pour exposer largement leurs propres mérites, se livrer à une fausse modestie ou s'épancher sur la bonté de l’Académicien qui venait de libérer une place.


Aujourd’hui, cette autorité n’est plus normative mais seulement morale, et historiquement prestigieuse. Au XIXe siècle, elle était un passage privilégié pour les écrivains désireux d’accéder à une certaine légitimité littéraire. Au XXe, les artistes ont plus tendance à critiquer la valeur du jugement de l’Académie, qui oscillait entre reconnaissance de la beauté de l’utilisation de la langue française par le candidat, et reconnaissance des qualités mondaines et patriotiques. Après la Seconde Guerre mondiale, la littérature renoue peu à peu avec cette institution.


Ceux qu’on appelle les immortels comptent de nos jours 35 personnalités, dont plusieurs écrivains. Pour votre prochaine Kube, nous vous recommandons de demander par exemple Les Sept Mariages d’Edgar et Ludmilla, de Jean-Christophe Rufin, académicien depuis 2009 !



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