Plutôt BD, comics ou roman graphique ? Si vous n’êtes pas trop sûr de votre réponse, c’est peut-être parce que la distinction entre les trois n’est pas claire pour vous. Kube vous explique tout !
Les bases communes
Le terme de bande dessinée est apparu à la veille de la Seconde Guerre mondiale, mais s’est popularisé tardivement, au fil des succès de certains albums.
Reprenons les bases : la bande-dessinée est une narration dessinée. Il s’agit donc d’une suite horizontale de dessins, qui racontent une histoire : des bandes, composées de vignettes, ou cases. Les dessins sont accompagnés de textes : narration (dans les zones de texte appelées cartouches), dialogues, onomatopées. D’une case à l’autre, l’action de la BD classique peut opérer des sauts dans le temps (de cinq minutes à une heure), ou être une succession directe. Par exemple, dans une case, Astérix sort de sa hutte ; dans la suivante, il est dans la carrière de menhirs à l’extérieur du village.
Les personnages peuvent s’exprimer à travers des phylactères, c’est-à-dire des bulles. La queue de la bulle est pointée vers le personnage à qui il faut attribuer l’expression. Pour nuancer leurs propos, différents types de bulles peuvent être employées : si la queue est faite de ronds, le personnage ne parle pas, mais pense. Si la bulle est en pointillés, le personnage murmure. Si la bulle est rectangulaire, la voix est différente de celles des personnages (voix off par exemple).
La BD peut exister sous forme d’album, de séries d’album, ou même de formats plus courts de quelques cases, appelés strip.
On parle souvent de la bande dessinée comme du neuvième art, un moyen pour cette discipline de revendiquer une place auprès des arts classiques plus reconnus et davantage estimés conventionnellement (comme la littérature, la sculpture, la peinture…). De la même façon, la BD a ses propres festivals et musées, comme le festival d’Angoulême et le Centre Belge de la Bande Dessinée à Bruxelles, des références en la matière ! Quelques indices, d’ailleurs, qui rappellent que les auteurs français et belges occupent une place particulière et centrale dans la discipline qu’est la BD. Comment ne pas citer Uderzo (Astérix et Obélix) ou Hergé (Tintin) !
D’ailleurs, preuve que la BD n’est pas un sous-genre illégitime, certains auteurs de bande dessinée se revendiquent à présent comme appartenant au courant de la bande dessinée alternative, explorant des modes de narration novateurs. Aussi, le genre n’est plus réservé aux enfants : certains éditeurs se consacrent à la production de bande dessinée destinée aux adultes.
Enfin, Art Spiegelman marque un tournant dans l’histoire de la BD avec sa série Maus (1980-1991), qui sera récompensée du prestigieux Prix Pulitzer en 1992. Pourtant, en regardant la page Wikipedia consacrée à la série, il est question de roman graphique…
Une distinction relativement superficielle : l'appellation “roman graphique”
En fait, le terme de roman graphique a été créé d’abord aux États-Unis : graphic novel, dans les années 1960. On peut dater la popularisation de l’expression aux années 70, lorsqu’elle est utilisée pour décrire l’ouvrage de Will Eisner Un pacte avec dieu (1978). L’album est un long recueil d’histoires sociales imprimé en noir et blanc. Les éditeurs américains sautent sur l’occasion qu’offre cette expression “roman graphique” : rendre la BD plus crédible et plus ambitieuse, et donc plus adaptée à un public adulte.
Le terme de roman graphique offre donc un argument de sérieux, pour élargir le public de la BD. Les éditeurs français ont aussi utilisé cette dénomination pour convaincre les lecteurs que les albums qualifiés de romans graphiques n’étaient pas enfantins, et pouvaient donc être lus sans complexe. La catégorie, bien qu’aux contours très flous, est toujours utilisée dans le langage courant. Il est possible de questionner la pertinence d’un tel terme : bien que capable de convaincre un nouveau lectorat, le terme de roman graphique contribue aussi à marginaliser le genre de la BD en s’en distinguant sans raison évidente.
Qu’en est-il du comics ?
Enfin, le terme de comics nous vient lui aussi des États-Unis. Il provient du mot signifiant “comique”, car les premières BD publiées là-bas étaient à caractère humoristique. Aujourd’hui et dans le monde francophone, le terme est resté pour désigner la BD nord-américaine.
L’âge d’or du comics est sûrement les années 1930, lorsque les journaux périodiques des comic books paraissent et offrent à leurs lecteurs des histoires de quelques dizaines de pages.
Tous les genres sont représentés dans le comics, mais les histoires de super-héros de DC ou Marvel occupent le devant de la scène. On parle de comics mainstream, auquel s'oppose le comics underground dès la fin des années 1950. Ce sous-genre a abordé des thèmes tels que la sexualité ou la consommation de drogue, et a pu être très critique envers les pouvoirs publics. Ces sujets étaient interdits par la Comics Code Authority, organe qui régulait (et censurait) la publication des comics aux États-Unis, qui a disparu en 2011. Aujourd’hui, en France, le terme comics reste majoritairement utilisé pour désigner la bande-dessinée de super-héros.
Le terme de bande dessinée désigne donc à la fois le genre classique d’album de BD, dit franco-belge, et le grand ensemble des œuvres qui répondent aux caractéristiques que nous venons d’énumérer, dont les romans graphiques et les comics font partie. Il est difficile de délimiter ces catégories, car elles sont en effet assez poreuses et qu’elles évoluent sans cesse. La BD classique s’inspire par exemple de plus en plus des codes du manga. Il arrive notamment que la temporalité entre les vignettes soit d’une demi-seconde seulement d’une case à l’autre, caractéristique typique du manga.
Cet article a été rédigé avec l’aide précieuse de Timothée, libraire Kube spécialisé BD et manga. N’hésitez pas à le sélectionner lorsque vous formulez votre prochaine envie de lecture, pour qu’il choisisse pour vous le meilleur manga de votre prochaine box livres Kube !
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